Euroairport : relation toxique avec le tourisme low-cost

Jusqu’où ira la dépendance de l’Euroairport aux voyages low-cost ?

Avant 2004, époque des années glorieuses de Crossair et Swiss (les plus jeunes ne connaissent pas), l’aéroport se disait « au service du développement économique de la région des 3 Frontières ».

Après le crash de Crossair et Swiss, l’Euroairport a trouvé son salut dans les voyages low-cost en ouvrant largement ses bras à EasyJet et ses concurrentes (notamment avec des taxes aéroportuaires basses).

Le modèle économique du low-cost se base sur la réduction maximale des couts afin de créer artificiellement un nouveau marché. En raison des bas couts une population, qui n’avait pas accès au voyage précédemment, développe la demande. La progression du temps libre et l’évolution du citoyen en consommateur docile, fruit de la mondialisation et du marketing, a fait le reste. Tout cela au détriment des employés, des riverains et de l’environnement.

L’Euroairport est devenu un moteur de développement du tourisme et voyages de masse.

Il en est bien plus dépendant que Genève et Zurich.

Le parallèle avec le développement des nouvelles régions touristiques en Europe est révélateur. Les statistiques du World Travel & Tourism Council montrent la dépendance des pays européens au tourisme.

Il semblerait qu’au Monténégro, « le secteur contribue pour environ un quart au produit intérieur brut (PIB). Cette part est également relativement élevée dans d’autres pays des Balkans, comme le montre notre graphique. »
Statista, Claire Villiers, 15.08.2022

Euroairport : déstinations été 2022

En comparant la carte des pays touristiques en Europe avec les destinations de l’Euroairport, les Balkans se recouvrent. Ceci est confirmé par le nombre de voyageurs au départ de l’Euroairport. Il est à noter que la part des voyageurs économiques ou des populations émigrées retournant au pays n’a cessé d’augmenter et n’est plus négligeable sur ces vols.

Evolution du trafic : Nombre de passager par compagnie et par destination, Euroairport CCE 19.05.2022

 

And the winner is … PRISTINA !

Avant la pandémie et le Brexit, la première destination des voyageurs était Londres, notamment portée par les voyages d’affaire. Même l’Espagne est détrônée. La première destination est Pristina, capitale du Kosovo. Voir l’histoire mouvementée et la situation actuelle de ce pays sur Wikipédia.

Le modèle économique de l’Euroairport s’oppose à la transition énergétique
Non, l’Euroairport ne vole plus principalement pour la prestigieuse économie bâloise – les entreprises pharmaceutiques, les high-techs des Trois Frontières, les Congrès et expositions de haut niveau ; ni pour l’économie du tourisme en Suisse. Il n’est plus une destination pour les compagnies régulières utilisant des avions de dernières générations. non Désormais l’Euroairport nous « pollue la vie » avec des vols et destinations low-cost. Les avions âgés, avec motorisation polluante sont majoritaires dans cette flotte aérienne.

L’Euroairport : l’aéroport de « l’abondance et l’insouciance »?

L’industrie du tourisme a investi dans les Balkans et les compagnies aériennes ont développé leur flotte (Wizz Air) pour chercher le client avec des offres peu chères.

Prendre l’avion 10-12 fois par an pour des week-ends ou des vacances courtes dans les Balkans, mais aussi ailleurs – par exemple pour golfer sur la Côte d’Azur-, cette abondance doit cesser. Elle ne répond pas à un besoin vital, nuit à la planète et pollue les riverains de l’aéroport.

La transition écologique incompatible avec la massification des voyages
« Nous le savons, l’industrie touristique figure parmi les mauvais élèves en matière de rejets de gaz à effet de serre et de polluants. Ces dernières années, les cris d’alerte se sont multipliés pour dénoncer l’empreinte écologique des transports ou encore les méfaits du tourisme de masse, qui met sous tension les ressources, déséquilibre les écosystèmes locaux, met en péril les sites naturels et patrimoniaux, contribue au déplacement des populations et engendre de nombreux désagréments dans la vie quotidienne des résidents. »

Osons le dire : la transition écologique et le tourisme responsable sont incompatibles avec la massification des voyages.

Tribune du Monde, Collectif, 26.06.2020

 

 

« Aérien et tourisme : des liaisons dangereuses ? »

Cette étude d’impact de l’extensions de l’aéroports de Marseille décrit une situation comparable à celle de Bâle-Mulhouse.
Les 3 grands messages de l’étude :
– Les études d’impact des extensions d’aéroports présentent de nombreux biais, et surestiment les impacts socio-économiques de ces projets. Au total, sur l’exemple de l’aéroport de Marseille, l’impact socio-économique du projet est négatif !!
– L’aérien est un facteur de concentration touristique, tant sur le plan social que spatial (haut de gamme, centré sur les villes)
– L’essor du low-cost n’a pas modifié fondamentalement les caractéristiques des passagers aériens (plus aisés, diplômés, et urbains).

Vers la synthèse de l’étude Aérien et tourisme.
Vers l’étude complète.

Médiapart, Prosper Wanner, le 25.04.2023

« Les touristes riches, grands gagnants de l’extension de l’aéroport de Marseille »
Reporterre, Emmanuel Clévenot, 13.04.2023.

« Aéroport de Marseille : une étude épingle le projet d’extension »
L’Echo touristique, Linda Lainé, 12.04.2023.