Les émissions de CO2 des avions de l’aéroport de Bâle-Mulhouse.
L’ADRA a relevé des chiffres erronés dans la brochure « Mieux ensemble » n°20 d’avril 2019. En page 20, sous le titre « D’où viennent les émissions de gaz à effet de serre ? », les émissions de CO2 des avions de l’aéroport de Bâle-Mulhouse se limiteraient à 9000Tonnes/an comparé aux 149 000T/an du trafic routier et aux 393 000T/an produites au total sur le territoire des 40 communes de Saint-Louis Agglomération, SLA3F. Le graphique laisse penser que la part des activités aéroportuaire ne serait que de 2,3%.
A ce stade vous êtes presque rassuré par la si faible pollution venant de l’aéroport et vous pensez que Greta Thunberg exagère ! Vous avez l’intention de vous payer un super voyage en avion sans avoir mauvaise conscience !
Cependant le lecteur distrait est induit en erreur sur la responsabilité des activités aéronautique dans le changement climatique. Une note en bas de page, facilement ignorée, mentionne que le chiffre de CO2 se limite aux vols intérieurs, sans autre précision.
En réalité, les vols intérieurs ne représentent qu’une petite part de l’ensemble des activités de l’aéroport. Il n’est pas précisé si seul les avions opérants en France (aéroport code AITA MLH) sont pris en compte, ou si ceux d’EasyJet vers la France le sont aussi (70% des activité aéronautiques de l’aéroport dépendent de la partie Suisse, Bâle code AITA BSL). Est-ce que seule la consommation en cycle LTO est prise en compte (LTO : décollages et atterrissages entre 0 et 930m)? Quid du kérosène total embarqué par les avions ? Est-ce que la consommation totale de la plateforme est prise compte ?
Par ce mode de calcul, on ne comptabilise semble-t-il que le CO2 produit par les compagnies aériennes enregistrées dans le secteur français opérant en France.
Transparence des chiffres pour une meilleure compréhension :
En 2015, les seules émissions des avions se montent à 47.758 T/an limité au cycle LTO. Les émissions totales, toutes activités confondues sur la zone aéroportuaire de l’EuroAirport, étaient de 72.724T/an de CO2.
(Source Atmo GrandEst Rapport ACC-EN-170, page 38, Version 02.2019)
Les efforts réels de SLA3F en d’autres domaines pour protéger la planète en réduisant les gaz à effet de serre (CO2) sont moins vertueux si on inclut les chiffres réels de la pollution. Car c’est bien la totalité des polluants et du bruit que les riverains et la planète subissent.
On ne peut pas décemment défendre le développement de l’aéroport et ne prendre en compte que 12% de la pollution globale en CO2 (soit 9000T/72.724T=12%). Les organisations environnementales estiment que la part du trafic aérien dans la production de CO2 au niveau mondial serait plutôt de 3-4%, largement supérieure aux 2 % propagé par l’IATA. A l’échelle d’un territoire comme la Suisse, un pays où les citoyens prennent beaucoup l’avion, la part du trafic aérien dans la production de gaz à effet de serre (GES) est même de 18% selon le wwf: Voyager en avion: le climat paie le prix fort.
Sur notre territoire des Trois Frontières, au niveau de vie comparable, on peut raisonnablement admettre un chiffre similaire. On peut estimer qu’en prenant en compte le kérosène consommé sur un trajet complet et en attribuant 40% des activités aéroportuaires à la France, le transport aérien serait responsable de 85 000 To/an et la totalité du CO2 de SL Agglo se monte alors à 468 000 To/an.
Ce qui placerait les « avions » au deuxième rang avec le résidentiel.
Note 1 : Nous avons demandé des précisions à SLA. Voici la réponse :
« Pour ces GES (Gas à Effet de Serre), par convention des méthodologies nationales, seules les émissions de GES des vols nationaux sont comptabilisées dans le bilan. Les émissions de GES des vols internationaux sont tout de même calculées mais comptabilisées hors bilan. Cette convention nationale a pour effet de minimiser la pollution réelle. » Thierry LITZLER, Vice-président de Saint-Louis Agglomération, Président de la Commission « Energie – Climat », 7.10.2019
Ils confirment aussi que le calcul des polluants ne considère que le cycle LTO, donc jusqu’à 930m, 3000 pieds. Au-dessus les avions de polluent pas ! On peut s’interroger sur la finalité et le sens d’une telle publication !
Note 2 : suite à la publication de SLA dans MIEUX-ENSEMBLE N21 de décembre 2019, nous publions volontiers l’encart de la page 17 :
« Durant la concertation publique organisée dans le cadre du Plan Climat, des habitants ont souhaité en savoir plus (sic!) sur le calcul des émissions de gaz à effet de serre de chaque secteur, et plus spéci¬fiquement du secteur aérien. Notre territoire a une particularité : celle d’avoir un aéroport international franco-suisse, avec une zone suisse au sein de l’aéroport. Les émissions de gaz à effet de serre des vols partant de cette zone suisse ne sont pas incluses dans la méthode de l’inventaire territorial prévue par la réglementation nationale française. Par conséquent, la part des émissions de gaz à effet de serre de l’EuroAirport, tous vols confondus, représente 14 % (56275 Tonnes eqCO2 en 2015) du total des émissions du territoire de SLA. »
Sources : www.euroairport.com et atmo-grandest.eu
Et l’on constate une fois de plus les embrouilles de la réglementation française visant à minimiser la production réelle de CO2.
Remarque, combien d’habitants de SLA voyagent avec EasyJet Switzerland, compagnie opérant en secteur Suisse et dont la production de CO2 n’est pas prise en compte. De plus, les valeurs citées sont celles de 2015. En 2019 les mouvements d’avions et le nombre de passagers transportés ont respectivement augmenté de 8% et de 30%, alors que le transport terrestre à sensiblement baissé ses émissions CO2. Encore un petit effort !
L’ADRA reviendra sur ce calcul ultérieurement.
Oui agissons ensemble pour le climat, en toute honnêteté et en s’interrogeant sérieusement sur le modèle de croissance du transport aérien, qui menace en l’état actuel notre cadre de vie, la santé et la planète.