Reporterre recense sur une carte les « grands projets inutiles et imposés » (GPII) qui prolifèrent sur notre territoire, avec leurs opposants en lutte.
« Selon un rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), 50 à 70 % des solutions pour le climat se situent à l’échelle locale.
Voir la carte (mise à jour mars 2021).
Notre région des 3 Frontières ne manque pas de projets, dont l’utilité et la finalité sont contestables. Voir les projets de développement.
En particulier, l’extension de l’aéroport va de pair avec la poursuite d’une forte urbanisation, l’extension des réseaux routiers, la construction de grands centres commerciaux, etc., entraînant l’artificialisation des sols. Des projets climaticides.
Nos projets inutiles :
Aéroport de Bâle-Mulhouse : Projet d’extension Euroairport 2030
la Suisse et la France prévoient pour Bâle-Mulhouse, seul aéroport binational au monde, une troisième piste pour absorber la croissance du trafic aérien de 50% à l’horizon 2030, faisant passer les mouvements de 100.000 à 150.000 et les passagers de 8,5 millions en 2018 à 13,5 millions en 2030. Troisième aéroport national Suisse et 5ème aéroport de province Français, l’aéroport proche des zones urbaines est sources de multiples nuisances et pollutions. Cette extension aurait pour conséquence directe d’accroître les nuisances sonores, la pollution (notamment aux Particules Ultra-Fines), les émissions de gaz à effet de serre et l’artificialisation des sols.
Mise à jour 28 janvier 2021
Gel de l’extension, jusqu’à quand ?
Dans son communiqué du 28 janvier 2021, l’aéroport ne l’annonce pas clairement, il parle uniquement de « maîtrise rigoureuse des coûts », et de « priorité au développement durable, malgré un horizon sans visibilité ». En effet : « L’EuroAirport part du principe que ce n’est pas avant plusieurs années que le trafic aérien retrouvera les niveaux de 2019. » (2024/2025 selon les experts). A peine s’il évoque « La réduction drastique des investissements à un tiers du budget initial ».
Face aux journalistes des 3 pays, l’aéroport donne plus de détails :
« Pour être en mesure de surmonter la crise, l’EAP a dû faire une croix sur des investissements pourtant déjà lancés, comme la robotisation de l’un des parkings ou la modernisation du terminal. Quant à l’extension du terminal, elle n’est plus à l’ordre du jour. Il faudra plusieurs années pour retrouver le volume de passagers de 2019. On a donc le temps de se reposer la question !… Nous ne ferons plus d’énorme étape d’un coup ».
Mais pas de remise en cause des projets d’extension à long terme … et en attendant, on réalise l’extension par petits bouts.
D’ailleurs la Nouvelle Liaison Ferroviaire, NLF, reste « prioritaire », et ce malgré la chute du trafic passager et l’Euroairport garde l’ambition de rester « un hub multimodal… au service d’un territoire » !
Tout en préservant l’environnement et les riverains mieux du bruit ?
Les opposants restent vigilants.
Article de presse : L’Alsace, 25.05.2020
(aucun article disponible sur l’extension de l’Euroairport en 2030).
L’ADRA a organisé une marche le 3 octobre 2020 dernier sur Bâle-Mulhouse contre l’extension.
(Reporterre l’a mentionné ici)
Nouvelle liaison ferroviaire, NLF, vers l’aéroport de Basel-Mulhouse
La liaison ferroviaire est un maillon du développement du transport aérien voulu par Bern et Paris. Elle apportera une croissance supplémentaire du trafic aérien et par conséquent une augmentation significative des nuisances et des GES. Ce projet ferroviaire, contrairement aux apparences, n’est pas écologique au regard de ses conséquences et des alternatives existantes et à venir.
Actuellement, l’aéroport de Bâle-Mulhouse n’est accessible que par la route en voiture ou navette de bus (avant la Covid-19, la prolongation d’une ligne de tramway était prévue). Pour permettre une desserte plus rapide, il est prévu de construire en 2024 une Nouvelle Ligne Ferroviaire, NLF, de 6 km pour le raccorder aux réseaux de train français et suisse. Les opposants craignent que cet investissement actualisé à 335 millions€ ne se fasse au détriment d’autres infrastructures pour les déplacements quotidiens de proximité (le Rapport Duron du Conseil d’orientation des infrastructures, ne considère pas cette liaison comme prioritaire – janvier 2018).
De plus, les chiffres de report modal sont très bas. Par ailleurs les sites industriels de maintenance aéronautique sont éloignés de plus de 1km de la futur halte, ce qui réduit les possibilités de captage des travailleurs.
Les opposants s’inquiètent aussi de la hausse du bruit pour les riverains de cette nouvelle ligne et du bétonnage du secteur. Enfin, ils redoutent que cette desserte encourage la hausse du trafic aérien par le transfert des voyageurs de Zürich et Genève et les nuisances qui vont avec. Ils demandent à ce que ce raccordement soit assorti d’une limitation des mouvements d’avions ainsi que de l’extension des plages de repos nocturne.
En savoir plus.
La NLF impacte aussi le site du projet Euro3Lys entre Saint-Louis et l’aéroport (voir carte des grands projets inutile). En effet, la voie traverse de part en part le site sur un talus avec un large empiétement et obère gravement l’aménagement du territoire (trame verte et bleue, circulation, surface libre disponible,..). Pour contenter les élus locaux, le projet prévoit un viaduc de 70 m. Cout +35 millions.
Malgré la chute du trafic aérien et des passagers à transporter, le projet n’est pas remis en cause. L’enquête publique a eu lieu fin 2021. Le 14 mars 2022 le Préfet publie l’arrêté de Déclaration d’Utilité Publique.
Mise à jour le 17 mai 2022
Recours contre la Nouvelle Liaison Ferroviaire, NLF, vers l’aéroport de Bâle-Mulhouse (Euroairport)
En résumé et contrairement aux apparences, cette liaison ferroviaire n’est pas écologique. Son impact environnemental sur la qualité de l’air et le bruit, sur les milieux naturels et la biodiversité, est largement négatif par rapport à la très faible réduction escomptée de CO2, gaz à effet de serre. Elle a même enregistré une forte opposition citoyenne trinationale. En effet les arguments pour justifier l’utilité publique du projet ne sont pas pertinents : prévisions hypothétiques, études rudimentaires et incomplètes aux interprétations souvent erronées et dépassées.
Ce projet extrêmement couteux (370 millions€, en moyenne les budgets d’infrastructures similaires est dépassé de 50%), n’est pas prioritaire par rapports aux besoins des moyens ferroviaires régionaux pour les déplacements du quotidien au bénéfice de l’ensemble des usagers.
Au vu des insuffisances des études, mais plus récemment au vu de la crise sanitaire et ukrainienne, du parti-pris pour le développement économique et de la minimisation des impacts négatifs, il serait urgent d’instaurer au minimum un moratoire sur le projet.
C’est pourquoi, l’ADRA, avec la fédération Alsace Nature, ont déposé un recours gracieux contre la Déclaration d’Utilité Publique du projet ; une première étape.
Notre dossier ici.
Article de presse : L’Alsace, Olivier Bregard, 19.05.2022.
Réécoutez sur France Inter, l’émission de La Terre au carré sur la carte des luttes contre les grands projets inutiles.