Pollution de l’air : mesures et inventaires

AtMO Grand Est (anciennement ASPA, Association pour la Surveillance et l’Étude de la Pollution Atmosphérique en Alsace, avant le 1er janvier 2017), procède à des campagnes de mesures sur et autour de la plateforme de Bâle-Mulhouse.

« Les aéronefs étant de forts consommateurs d’énergie, ils sont responsables de la plus grande partie des émissions de CO2, NOx et CO sur la zone aéroportuaire ; toutes sources confondues ». Source ASPA – Rapport 11112103-ID
Les activités de l’aéroport au sol et dans les airs rejettent des polluants en quantité : NOx – Oxydes d’azote, CO – Monoxydes de Carbone, COVNM – Composés Organiques Volatils Non Méthaniques, CO2 – Gaz Carbonique et particules.

 

Campagnes de mesure de la qualité de l’air

L’ASPA, commandité par l’Aéroport, faisait des campagnes de mesure des concentrations in situ tous les cinq ans : à l’automne 2004 et au printemps 2005, en mars et septembre 2011, ainsi qu’en 2016. A partir de 2019 et sur recommandation de l’ADRA, les mesures ont lieu tous les 3 ans.
A noter que les mesures faites au printemps ou à l’automne bénéficient d’une météo plus favorable et les mouvements sont moins nombreux qu’en été.

Campagne de mesure 2016

L’ASPA a effectué une nouvelle campagne complète de mesures hivernales en janvier/février et estivales en juin/aout. Les objectifs sont:
– Évaluation des niveaux de pollution sur et autour de la plate-forme aéroportuaire et dans les agglomérations environnantes.
– Indicateurs mesurés : NOx, CO, COVNM, Formaldéhyde, Particules PM10/PM2,5, Ozone, Phénol,
– Suivi des particules (recommandation ACNUSA)
– Comparaison avec les valeurs limites sur une période plus longue (recommandation ACNUSA)
– Comparaison avec les résultats des campagnes précédentes

Le rapport annuel 2016 de l‘Aéroport, publié début juin 2017, fait référence en page 22 aux résultats des mesure de l’ASPA: EAP Rapport 2016 .
Voir le rapport ASPA 16121901-ID, version du 21 avril 2017 (16MB).

Campagne de mesures 2019-2020

(mise à jour : 6 aout 2021)
AtMO GrandEst a procédé à une nouvelle campagne de mesures en juin-juillet 2019 et janvier-février 2020

Conclusion du rapport en page 84 : « Ni la valeur limite annuelle, ni l’objectif de qualité de l’air (réglementation française) n’ont été dépassés voire atteints sur la zone d’étude pour les particules PM10. En revanche, la valeur limite d’immission établie par l’Ordonnance sur la protection de l’air suisse (OPair) a été atteinte sur les sites 1PM (zone des bassins d’orage
de l’aérogare en zone publique) et 8PM (aires de stationnement des aéronefs en zone réservée).
Concernant les particules PM2.5, la valeur limite annuelle française n’est pas dépassée, en revanche l’objectif de qualité de l’air (en droit français) ainsi que la valeur limite d’immission suisse sont dépassés sur tous les sites ».

Rappelons que les 2 fois quatre semaines de mesures ne sont pas représentatives de l’ensemble des émissions annuelle (ni en quantité, ni en terme de météorologie). Le rapport n’étudie que les moyennes annuelles pour les comparer aux limites réglementaires et pas les pics journaliers, qui peuvent dépasser le seuil d’alerte sur le territoire particulièrement en été. De plus, les Particules ultrafines, très fortement émises par les avions et dangereuses pour la santé, ne sont pas mesurées.

Voir le rapport complet : PROJ-EN-464 Indice 4.0 du 30 juin 2021

Qualité de l’Air dans le Haut-Rhin en 2020
Comparez avec le Bilan de la Qualité de l’Air pour l’ensemble du Haut-Rhin en 2020 : Atmo Grand Est COM-EN-047_1

Campagne de mesures en 2022-2023

(mise à jour:  18 juillet 2024)
Le service environnement de l’aéroport de Bâle-Mulhouse a procédé à deux campagnes de mesures qui ont été menées durant juin-juillet 2022 (phase estivale) et janvier-février 2023 (phase hivernale).

Le rapport d’évaluation de la qualité de l’air sur la plateforme aéroportuaire de Bâle-Mulhouse ainsi que dans les communes voisines présente les résultats de ces deux campagnes :
Rapport de la campagne de mesure de la qualité de l’air 2022-2023 :
Atmo Grand Est SURV-EN-948 Indice 3.0

Conclusions rassurantes ?

Suivant la page 73 du rapport : « Au regard des profils journaliers moyens, des variations horaires, des teneurs moyennes relevées sur les sites de Blotzheim/Saint-Louis et malgré le fait que sous certaines conditions de vents (roses de pollution) les teneurs en polluants primaires peuvent être influencées par les activités aéroportuaires (mais aussi de l’autoroute), Blotzheim et Saint-Louis présentent des niveaux moyens caractéristiques d’un site influencé majoritairement par le fond de pollution…. Les lignes directrices de l’OMS (mises à jour en 2021 et plus restrictives que précédemment) sont en revanche dépassées pour le NO2 et les PM. »
(Pour les PM, voir également page 35)

Pas vraiment !

Selon Atmo Grand Est, l’aéroport ne pollue pas plus que les autres sources environnantes, comme l’autoroute A35, les agglomérations de Saint-Louis et de Bâle. Mais l’aéroport est bien une source importante de pollution qui s’ajoute aux autres. Considéré comme infrastructure industrielle, il est même parmi les 5 sites les plus polluants d’Alsace. Sans prendre en considération les Particules Ultra-Fines nocives émises à profusion par les réacteurs d’avion.

 

Évolution des niveaux de pollution depuis 2005

« La station CA3F implantée dans la zone d’étude à Village-Neuf mesure en continu les niveaux de pollution depuis 2005. L’évolution des concentrations annuelles en NO2 et en particules PM10 sur la station montre une tendance à la baisse des niveaux de pollution depuis 2005.
La comparaison des niveaux de pollution (NO2 et benzène) mesurés au cours des différentes phases de mesure montre une baisse des concentrations moyennes hivernales entre 2006 et 2011 puis entre 2011 et 2016 et une augmentation des concentrations moyennes estivales entre 2005 et 2011 puis une baisse entre 2011 et 2016. »
(Extrait page 55).

Ce rapport se veut rassurant et il est finalement très semblable dans ses conclusions à ceux des rapports précédents. Pourtant, globalement, les choses ne vont pas en s’améliorant et le transport aérien nie toujours sa part de responsabilité dans la pollution et le réchauffement climatique. Par ailleurs, les épisodes de canicule que connait la France depuis 2003 se répètent et battent des records :
Alerte_Pollution_LAlsace-20170621

 

Inventaire des émissions atmosphériques

Contrairement aux mesures des polluants in situ donnant les valeurs des concentrations sur une période limitée, l’inventaire est un calcul théorique par source de pollution sur une année (calculs selon le cycle LTO, Landing and Take Off).

Les émissions s’effectuant au-dessus de 1000m, fin de montée, croisière et descente, ne sont pas prises en compte.

Dans les tableaux suivants les émissions totales de la plateforme aéroportuaire de Bâle-Mulhouse (sources au sol + aéronefs) sont comparées avec les émissions totales des communes de la Zone Environnante (ZE)

En 2009 :

Tableau 21, Source ASPA – Rapport 11112103-ID page 35, Version du 3 février 2012 (Source ASPA – Rapport 11112103-ID, Version du 21 Novembre 2011)

En 2015 :

Source Atmo Grand Est Rapport ACC-EN-170, page 38, Version 02.2019

En 2019 :

Source : ATMO Grand Est – inventaire des émissions atmosphériques de la plateforme aéroportuaire de l’Aéroport de Bâle-Mulhouse / Année de référence 2019 – SURV-EN-948-V3, page 9.

Le NO2 est 40x plus toxique que le CO, 4x plus que le NO. Il pénètre profondément dans les poumons. Le NO est un gaz irritant pour les bronches. Ces molécules pénètrent facilement les bronchioles, affectent la respiration et provoquent une hyperréactivité des bronches chez les asthmatiques, ainsi qu’une vulnérabilité accrue des bronches aux microbes, au moins chez les enfants (Wikipédia – Ecole des Mines, Douai).

Les émissions dues à l’aéroport en forte croissance

Alors que les émissions de la zone environnante ont tendance à baisser depuis 2015, les émissions dues à l’aéroport atteignent en 2019 +28% pour le SO2, +34% dans le cas des oxydes d’azote (NOx), +173% pour les (COVNM), +18% pour le CO et +20% pour le CO2. Cela correspond à une forte croissance du trafic, qui a atteint un pic de 100 000 mouvements avant la COVID.

Avec le cycle LTO uniquement
Les valeurs des tableaux ci-dessus des sources totales des communes de la Zone Environnante (ZE en bleu) et les sources au sol + aéronefs (Aéroport en jaune) ont été agrégées dans les diagrammes suivants pour les années 2007/2009 à 2019. Rappelons que les émissions de l’aéroport se limitent au cycle LTO (Landing and Take Off) et que les émissions au-delà de 1000m d’altitude ne sont pas prises en compte.

Concernant les émissions de NOx, la part de l’aéroport est importante, due en grande partie au trafic aérien et dans une moindre mesure aux autres sources mobiles sur la zone. On estime que l’Aéroport génère 10 % du trafic routier de l’A35.

Avec les émissions totales
Tableau suivant : alors qu’Atmo Grand Est ne publie que le CO2 émis durant le cycle LTO (Landing and Take Off), nous représentons dans ce dernier tableau les émissions totales APU + LTO + 1/2 CR (Moteurs auxiliaires au sol, LTO, ½ trajet).Source : DGAC bilan des émissions gazeuses 2021, p.23.

Les émissions de CO2 réelle de l’aéroport sont donc 5x plus important que ce que présente le rapport d’Atmo Grand Est !

 

Consultez notre présentation : Pollution de l’air à Euroairport

Conférence de presse trinationale sur l’évaluation de la pollution de l’Aéroport de Bâle-Mulhouse, le 11 septembre 2018 à Hégenheim.