Les aéroports ont tendance à détourner les redevances aéroportuaires de leur finalité : elles servent à attirer les compagnies au lieu d’être un levier pour diminuer les nuisances et protéger le climat.
Note d’introduction à lire absolument, ADRA, le 3 septembre 2023.
Nous avons écrit l’article suivant avant d’apprendre le 20 juillet que l’Euroirport ne voit plus de barrières économiques légales qui empêcheraient l’augmentation des redevances aéroportuaires.
Presque un miracle ! Mais avant de lâcher prise, nous attendons de voir des propositions concrètes, chiffrées et transparentes. Il semblerait que notre insistance et nos arguments ont eu raison d’une raison qui nous échappe encore. L’article garde toute sa pertinence en plus des informations d’actualité qu’il apporte.
Bonne lecture !
Des lois économiques étranges à l’Euroairport ?
Les 33°C dehors ce dimanche 9 juillet 2023 me contraignent à rechercher un peu de fraîcheur à l’intérieur. J’en profite pour me consacrer à un sujet qui nous est cher et qui n’avance pas assez vite !
Il est bien connu que le transport aérien est exempté de nombreuses taxes ou bénéficie au minimum de taux réduits : pas de taxe sur le kérosène, TVA réduite sur les billets, Duty free, etc…
Mais en plus, les taxes et redevances aéroportuaires, qui devraient être utilisées comme levier pour faire baisser les nuisances, ne sont pas dissuasives. A Bâle-Mulhouse c’est le cas, bien que cette mesure soit prévue au PPBE (action n° 3).
Nous ne cessons de répéter que l’Euroairport applique des redevances trop basses surtout aux vols de nuit et aux avions bruyants.
C’est le cas comparativement à Zurich et Genève et dans l’absolu, car certaines taxes apparaissent ridiculement basses. Effectivement, leur montant ne dissuade pas les compagnies de voler tard le soir ou d’utiliser de vieux avions bruyants.
De plus les compagnies qui ouvrent de nouvelles lignes bénéficies d’exonérations ou de réduction les premières années.
On nous objecte que l’aéroport doit respecter les lois (libérales et écocides) du commerce international, que pour le service rendu aux compagnies, ils ne peuvent pas faire de bénéfices.
Outre qu’en réalité l’Etat et les aéroports ne veulent pas demander aux transports aériens de participer à l’effort de lutte contre les nuisances et contre le changement climatique, les lois économiques universelles ne semblent pas s’appliquer au transport aérien.
Inacceptable.
Car, nous constatons, que l’aéroport ne dégage apparemment pas de financement pour se moderniser (alimentation électrique et de climatisation aux gates et postes fixes (en retard de 20-30 ans), absence de système de management des pistes et de la circulation des avions, A-CDM, absence de station de mesure permanente des polluants, sous-effectif chronique de personnel (Euroairport et DGAC), pas de moyens pour faire des études sérieuses d’impact des nuisances, … absence de garage à vélo (même pas d’arceau anti-vol).
Il semblerait aussi que l’aéroport doit dépenser prochainement beaucoup de sous pour financer la réfection complète de la piste principale et participer au financement de cette belle et miraculeuse NLF.
Nous sommes éventuellement ignorants des règles économiques (pourtant l’économie n’est pas une science exacte selon certains nobélisés), mais nous ne voyons pas ce qui pourrait s’opposer à ce que l’aéroport utilise en partie les redevances, non pour faire des bénéfices, mais pour financer ce qui est juste nécessaire, juste et nécessaire. Notons cependant que les mêmes règles économiques ne semblent pas s’appliquer aux usagers des parkings, puisque l’aéroport se paie grassement au dépend des voyageurs.
Dans la presse spécialisée
L’article du journal économique Option finance du 27 juin 2023 évoque ce problème, mais envoie sur une fausse piste : « En difficulté, les aéroports européens demandent une hausse des redevances aéroportuaires ». En tout cas, nous ne lâchons pas cette affaire pour le bien de nos adhérents et pour la planète.
Extrait de l’article : » Malgré l’explosion du prix du transport aérien pour les consommateurs, les redevances payées par les compagnies aériennes pour l’utilisation des installations aéroportuaires tendent à rester inférieures aux coûts « .
« Ce qui est en jeu ici, c’est la capacité des aéroports à investir dans leur décarbonisation, leur résilience, leur numérisation et leur capacité là où c’est nécessaire. »
Commentaire : Perversité du narratif des aéroports mettant en avant la décarbonation, et reléguant en dernier l’augmentation de capacité (juste « là où c’est nécessaire »). Il faut le répéter : la réalité est toute autre. La décarbonation des aéroports ne concerne que moins de 1% des émissions de l’aérien, alors que l’augmentation de capacité concerne l’ensembles des émissions ! Lombard Eric, Stay Grounded, le 10.07.2023
La Suisse refoule les mendiants
L’augmentation des redevances à Bâle-Mulhouse aurait aussi l’avantage de désamorcer un problème devenu très politique en Suisse : le refoulement des mendiants étrangers. Profitants des billets low-cost, nombreux sont ceux qui viennent des Balcans par avions en passant par l’Euroairport (L’ADRA se garde de tout jugement sur le fond, mais relève que la Suisse a favorisé le low-cost à Bâle-Mulhouse et légifère maintenant pour expulser les « voyageurs », qui ont profité de cette anomalie économique).
„Schweizer Städte kämpfen mit Bettler-Problem“, NAU, 4.05.2021.
Basel schiebt Bettler zukünftig ab – auch EU-Bürger, Badische Zeitung, 9.07.2023.
Pendant ce temps, le citoyen normal subit les dures lois économiques de son pays, qui s’appliquent couramment et sans exception.